Début Aout les conditions sont enfin réunies pour se lancer dans un projet souvent évoqué mais toujours reporté. La Traversée Charmoz-Grépon nous invite à l’aventure.

de gauche à droite : Les Grands Charmoz, Le Grepon et l'Aiguille de Blaitière

Depuis quelques jours nous scrutons les bulletins météo, observons attentivement les zones enneigées sur les aiguilles de Chamonix, relisons maintes fois le topo Rébufat des 100 Plus Belles, imaginons des alternatives… Mais cette fois il n’y a pas d’alternative à chercher, il faut tenter.

Convaincus que nous ne tiendrons pas les horaires express de Gaston, nous décidons de bivouaquer en contre-bas de la moraine latérale du glacier des Nantillons.  La zone est abritée du vent, relativement plate, et une belle source coule abondamment. D’autres cordées s’installent aux alentours et semblent avoir le même objectif pour le lendemain.

Réveil 2h, petit dèj forcé alors que l’on vient de diner, et nous voilà sur le glacier des Nantilons. L’accès au Rognon qui donne accès à la partie supérieur du glacier n’est pas évidente à trouver de nuit mais la rimaye passe sans problème. Le jour se lève à « La salle à manger ». Nous découvrons les séracs du glaciers des Nantillons qui cette année sont peu menaçants. Nous pouvons donc traverser sereinement en direction du couloir d’attaque situé entre Les Grands Charmoz et le Grépon. Une puis deux cordées nous rejoignent. L’une d’entre elle nous tiendra une sympathique compagnie jusqu’à la fin de la course. L’itinéraire pour rejoindre l’arête des Grands Charmoz est astucieux et seule une cheminée 50 m demande de s’appliquer sur ces 400 premiers mètres d’escalade.

Vue sur la fissure Mummery depuis les Grands Charmoz

Le soleil nous accueille sur l’arête. Nous découvrons le versant Mer de Glace et surtout la suite de notre parcours. Les Grands Charmoz se traversent assez rapidement. Quelques contournements dalleux sont mémorables mais trop vite nous nous retrouvons face au Grépon et tentons d’imaginer notre cheminement vers la fissure Mummery.  Ca y est, nous  sommes au pied du mur franchit en 1892 par Mummery et coté IV. Ce IV là m’aura coûté quelques gouttes de sueurs et ne sera sans doute pas décoté de si tôt. Assurer, manger, boire, réorganiser le matériel sans trop traîner parce qu’on est pas rendu. D’autres passages vont nous donner du fil à retordre en commençant par le râteau de chèvre. Une lame juste assez décollée pour pouvoir se glisser derrière, mais pas assez pour y ramper avec fluidité.

le râteau de chèvre du Grépon à Chamonix

Quelques mètres sous la vierge du Grépon la fissure en Z défend bien l’accès au sommet. Des générations d’alpinistes ont transpiré dans ce passage avant de se dresser, sans fanfaronner, au sommet.

sommet du Grépon dans les Aiguilles de Chamonix

Nous apprécions rapidement la vue sur les grands sommets du massif : Mont Blanc, Verte, Droites, Courtes, Dent du Géant… Mais la foule débarque au sommet et nous fuyons vers les rappels et la désescalade qui nous mène en hypoglycémie avancée au col des Nantillons.

l'aiguille verte vue depuis le sommet du Grépon

La descente sur la partie supérieure  du glacier des Nantillons est en neige et les crevasses encore bien bouchées. Plus bas, les chutes de pierres provenant de la face Est de Blaitière mais aussi des Grands Charmoz nous conduisent vers l’unique itinéraire abrité pour descendre le Rognon : une ligne de 6 rappels de 25m équipés pour les périodes chaudes. Au pied des rappels, les pluies de météorites continuent donc nous devons descendre dans l’axe , jusqu’au bout du glacier des Nantillons, pour éviter une traversée exposée vers notre bivouac. Nous retrouvons la tente « deux secondes », fidèle compagnon des aventures alpines où la légèreté et la compacité sont des atouts de taille, vers 21h.