La face Sud-Ouest de l’aiguille de Sialouze est une belle face granitique de 350m de haut accessible depuis le refuge du Sélé et la vallée de la Vallouise. « Ventre à Terre » parcours la partie droite de cette face avec une difficulté homogène de 5c/6a, un itinéraire direct et une qualité de caillou irréprochable. Encore une fois, merci Jean Michel Cambon pour cette voie devenue classique.
Le 30 juillet le camping d’Ailefroide et les alentours du village sont bondés. C’est le jour de la fête des guides. Pourtant, à notre arrivée au refuge, nous sommes seulement une quinzaine de personnes dont quelques alpinistes répartis sur 3 destinations principales : le col du Sélé, la voie normale de l’Ailefroide Orientale et la face SW de l’Aiguille de Sialouze.
Le rééquipement récent de « Ventre à Terre » et son niveau « accessible » font que cette voie est la plus parcourue de la face. Au souper, nous apprenons que nous devrons partager l’itinéraire avec au moins deux autres cordées. Rien de choquant pour un chamoniard, mais me voilà un peu contrarié par cette affluence dans un coin sauvage des Ecrins. Le lendemain, chacun trouvera son rythme à l’approche et la cohabitation entre les cordées se passera bien.
Bien qu’il s’agisse d’un itinéraire totalement équipé, la sortie conserve un caractère « montagne » affirmé. La marche d’approche d’1h45 traverse des barres rocheuses, des moraines raides et des névés avec en toile de fond le Pic Sans Nom et Sialouze. L’utilisation des crampons est fortement recommandée en cas de regel nocturne, en particulier pour le raide névé qui perdure tard en saison au pied de Ventre à Terre. Les crampons sont déposés sur le névé, suivent quelques pas d’A0 puis un le relais « zéro » confortable pour déposer du matériel.
Au passage sur la troisième rampe (cf topo Cambon), pensez à repérer les lieux car lors de la descente en rappel vous utiliserez R2, R1 puis R0 pour rejoindre votre matériel sur le névé. Au dessus de la quatrième rampe l’escalade devient homogène dans le 6a et toutes les longueurs demande de ruser pour s’économiser tout en restant efficace.
La zone de grands toits est contournée par la droite puis nous revenons vers la gauche par la dernière longueur en 6a qui se faufile astucieusement au milieu d’une dalle à friction.
Après quelques longueurs de 5 plus déroulantes, sans être ennuyantes, nous arrivons au sommet de la voie sur un relais de rappel équipé d’une main courante en corde. L’aiguille de Sialouze n’est pas vaincue mais il faudrait prévoir quelques coinceurs et 1h supplémentaire pour gravir la partie sommitale en aller-retour. Pour nous, la descente en rappel commence. Les possibilités sont nombreuses mais voici une proposition de rappels se déroulement exclusivement sur relais chainés sur goujons de 10 ou 12mm :
-descendre sous le premier toit par les 5 rappels indiqués dans le topo Cambon.
-Au 6ème rappel, descendre verticalement et dépasser la 4ème rampe. Un rappel chaîné se trouve une quinzaine de mètres sous la rampe proche d’un vieux relais. Le topo Cambon indique de se décaler vers la droite (en regardant la face) sur la 4ème rampe. Je n’ai pas trouvé de bon relais dans cette zone.
-Le 7ème rappel vous mènera à l’extrémité gauche de la 3ème rampe. De là, traverser la rampe vers la droite en progressant corde tendue jusqu’à reconnaître R2 (cf point de vigilance ci-dessus).
-La suite des rappels se déroule dans « Ventre à Terre » en utilisant tous les relais dont R0, qui permet de franchir le névé en rappel.
La face Sud-Ouest présente de nombreux autres itinéraires qui semblent tous aussi alléchants. Vivement la prochaine visite !